Le site de généalogie de Catherine et Michel Meste



Un trésor à Lescar !




Nous sommes début janvier 1698. Un ancêtre de Michel (Sosa 640, 10ème génération) : Jean de St Pée (qui s’écrira Sempé par la suite) est dans sa ferme. Agé de 34 ans, fils de Bernard de Vignau dit Piteu et de Catherine de St Pée dit Peyroutet, il s’est marié 4 ans plus tôt avec Jeanne de Siot, dont il a eu deux enfants : Marie et Dominique.  Les terres qu’il cultive, situées sur le hameau du Laur tout près de Lescar, lui ont été données en fermage par les religieuses de Sainte Ursule de Pau. Il est aidé par un valet, Bernard de Cosledan, jeune garçon de 15 ou 16 ans.

            Souhaitant construire un bâtiment, notre Jean envoie le jeune Bernard chercher des cailloux dans un champ sur lequel il savait que l’on pouvait en trouver. Ce dernier, creusant un peu dans un fossé, eut alors la surprise de découvrir un magnifique trésor, composé de pièces d’or frappées au coin de Ferdinand et Isabelle, roi et reine d’Espagne (voir ci-dessous).  D’où venait ce trésor ? Très certainement des sarrasins, qui ont longtemps habité le pays et y ont construit un grand nombre de forteresses.

Pièces d'or de Ferdinand et Isabelle Le garçon réussit à cacher quelques unes des pièces, mais son maître en fut averti et, se rendant sur les lieux, envoya son valet travailler ailleurs et s’occupa personnellement du reste des pièces. Une partie prit le chemin de sa ferme, puis le reste fut amené dans la maison d’Arnaud de Guicharnaud dit Guiraute, de Lescar, chez qui le père de Bernard était valet. Cet Arnaud, marié à Marie de Labadot, était le frère de Claire, autre ancêtre de Michel (Sosa 591).  Après moult discussions, il leur sembla que la meilleure solution pour que le secret soit bien gardé était de porter le trésor au presbytère de Jean de Labat, curé de Poey et beau-frère de Guiraute, ce qu’ils firent.

            Cette découverte put rester secrète pendant trois mois mais un peu avant Pâques, le marquis de Lons, lieutenant du Roi en Béarn et Navarre, eut vent des faits ci-dessus et fit arrêter ledit valet puis le garda quelques jours pour lui faire dire ce qu’il savait. L’intervention de Guiraute et du curé de Poey eut trois conséquences : d’abord la libération du valet, suivant de peu le versement au marquis de Lons d’une somme importante, et enfin la livraison anonyme à l’hôtel des Monnaies de Pau d’une quantité importante de pièces d’or.

            La chose ayant été ébruitée, il s’ensuit alors une suite de revendications. La propriété du trésor fut réclamée par plusieurs personnes, encouragées par les bruits laissant entendre qu’il s’agissait  d’un trésor considérable. Toutes avaient de bons arguments : le fermier St Pée, puis le fermier qui avait loué cette terre avant lui et dont le bail n’était pas fini, ensuite les propriétaires de la terre : les religieuses de Sainte Ursule mais aussi les héritiers du Président de Marca qui contestaient les arguments de ces dernières, et venaient enfin ceux qui prétendaient avoir juridiction sur le Laur : les jurats, le seigneur du Laur qui se référait aux Fors de Béarn, puis l’évêque qui ne voulait pas être en reste, et pour couronner le tout, il était évident qu’il n’était pas question d’oublier le Roi.

            Pour monter enfin plus haut que le Roi, le juge du Sénéchal mentionne ‘’ ...ces rustiques ont été persuadez par des prêtres, des religieux et autres personnes califiées, qu’ils peuvent tout nier en conscience, parce que ce thrésor est un présent du ciel, ou personne qu’eux ne peut rien prétendre, d’ou vient qu’ils nient tous les faits avec une audace extraordinaire.’’

            Des enquêtes furent menées. Le subdélégué de M. l’intendant Pinon se rendit sur les lieux, puis M. de Balagué, juge du Sénéchal, y alla aussi sur requête des Ursulines, et enfin le Parlement y délégua un commissaire, en la personne de M. de Casenave.  Pour la petite histoire, il n’est pas impossible que ce juge Balagué, qui avait été avocat au Parlement de Navarre, fut un parent de notre ancêtre Jeanne Balagué (Sosa 2117).

            Malheureusement, l’issue de cette affaire n’a pas pu être retrouvée. Il reste toutefois un épisode qui a dû certainement créer beaucoup d’émotion à Lescar en cette fin de XVIIème siècle, et qui a permis de mettre en scène quelques ancêtres plus de trois siècles après les faits.

(voir  sur Gallica la Revue historique et archéologique du Béarn et du Pays Basque, 1931, ser2, A14, N129)



Auteur : Michel Meste.      Pages réalisées avec Kompozer.