Le site de généalogie de Catherine et Michel Meste


Mes ancêtres à Montmorillon (1600-1900)



Michel Meste (Sosa 1)

 

I.              Introduction

Ma grand-mère maternelle, Adélaïde Marie ROBIN (qui sera appelée toute sa vie Henriette), née à Libourne, épouse à Montmorillon le 20.10.1902 Jean FAURE. Ce dernier, né à Nontron le 15 septembre 1880, se fera toujours appeler Louis. Lorsqu’il se marie, il est dit coutelier à Montmorillon. Il exercera ensuite son métier à Bordeaux, et c’est dans cette ville qu’il décèdera en 1939.

Louis FAURE, coutelier

Lettre à en-tête de la coutellerie de Louis (Jean) FAURE

Son père Elie FAURE fut cerclier au début de sa vie professionnelle, puis marchand de poissons).

« Le cerclier fabriquait des cercles en lattes de bois de châtaignier pour maintenir les lattes de bois des tonneaux et barriques. Pour faire les cercles, on prenait une branche de châtaignier que l’on coupait pour ensuite en enlever les nœuds à l’aide d’une lame à poignées nommée plane. Ensuite, pour donner aux lattes la forme circulaire, on les passait dans une cintreuse. On mettait enfin 24 de ces tiges dans un moule de bois, puis on les liait entre elles avec une tige de fer, formant ainsi des cercles. » 

            Le père d’Henriette : Vincent Louis Alphonse ROBIN, qui vient de décéder deux ans avant le mariage, était lui aussi coutelier d’abord à Libourne puis à Montmorillon. Il a épousé à Libourne (le 19.9.1878) Jeanne MONTAN, qui exerçait la profession de tailleuse. Il est fort probable que Vincent ait joué un rôle important dans l’acquisition par son gendre Jean FAURE du métier de coutelier. 

Concernant la  coutellerie, la référence suivante (accessible sur Gallica) de l’ouvrage de Camille Pagé de 1896 est intéressante : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5606369b/f2.image.r=coutellerie.langFR

            Si les ascendants du côté maternel de Vincent venaient principalement de la région parisienne, nous avons du côté paternel toute une branche de Montmorillonnais, et c’est à ceux-ci que nous allons nous intéresser ci-dessous.

            Dans ce qui suit, après une rapide description géographique et historique de Montmorillon, puis quelques lignes sur Charles DEMAILLASSON, montmorillonnais auteur d’un extraordinaire Journal sur la vie de Montmorillon au XVIIème siècle, nous nous intéresserons à plusieurs patronymes que l’on rencontre dans l’ascendance de Vincent : ROBIN, AUPRETRE LAGENEST, FONTAINE MARIE, LESCUYER, ainsi que plusieurs autres qui leurs sont liés : LACOUX, CHOTARD, VACHER, GAULTIER, LAUVERGNIER, …

Observations et remarques :

-    - Contrairement à ce que l’on peut trouver par exemple au Béarn, on rencontre très peu de surnoms ou de pseudonymes.

      -  Par contre, ce qui est très fréquent, c’est de rencontrer pour chaque patronyme plusieurs formes écrites. Nous avons dû faire des choix pour assurer une certaine ‘’ stabilité’’ des noms.

           On pourra trouver sur Geneanet (identifiant : mestenerzic), après inscription gratuite, la totalité de l’arbre dont il est question ici.

          Deux ouvrages retracent l’histoire de Montmorillon : a) Montmorillon, histoire civile, par Léopold LIEGE (réédition, chez Le Livre d’Histoire-Lorisse, de l’ouvrage de 1916) ; b) Plus récent : Montmorillon, 2000 ans d’histoires, par Bernard BRASSAT, aux éditions Public Media, 2000.

           

II.              Montmorillon  

Ville médiévale du Poitou, située dans le département de la Vienne à 50 kilomètres au sud-est de Poitiers, elle est traversée par la rivière Gartempe.

Montmorillon

Le site de l’Office de Tourisme de Montmorillon nous donne un raccourci de son histoire :

« S’il est établi que des hommes ont vécu à Montmorillon il y a environ 100 000 ans sous les rochers que l’on voit près de la piscine, c’est au XI° siècle que naquit vraiment la ville. Il y eut pourtant quelques activités au cours des siècles précédents. C’est ainsi qu’au III° siècle, saint Martin et saint Martial arrivèrent du Limousin pour évangéliser le Poitou. Cent cinquante ans plus tard, Clodomir, en remerciement de la victoire de son père, Clovis, sur les Wisigoths en 507 dans les plaines de Vouillé et Lussac, fit construire un sanctuaire sur le coteau de Montmorillon, là où s’élève aujourd’hui l’église Notre-Dame.

Mais en 732, les Arabes envahissaient la région avant d’être arrêtés à Vouillé par Charles Martel. Vaincus, ils se replièrent mais une troupe resta sur Montmorillon où elle s’établit. Leur chef, un petit seigneur Maure, fit construire un « château » en bois sur la motte castrale, face à l’église qu’il s’était empressé de faire raser mais de vieux documents établissent formellement l’existence de ce premier sanctuaire. Le nom de la ville viendrait de cet épisode : Mons(Mont) Maurillio (petit chef Maure).

En 1050, arriva Ranulfe qui devint le premier seigneur de Montmorillon et fit construire la nouvelle église Notre-Dame dont il ne reste que l’abside et le transept, le reste datant du siècle suivant.

C’est autour de ces lieux que Montmorillon se forma, dans la rue qui grimpe depuis la rivière jusqu’à l’église Notre-Dame et dans les rues avoisinantes. Là où aujourd’hui la Cité de l’Ecrit regroupe ses activités. Et c’est également au XII° siècle que furent construits la Maison Dieu, l’Octogone, la chapelle Saint-Laurent ainsi qu’une première église Saint-Martial dont il ne reste qu’une tour, base de l’ancien clocher. François Ier fit construire des murailles autour de la ville et Montmorillon devint sénéchaussée royale avant d’être remise en apanage au seigneur de Vignoles, dit La Hire, fidèle écuyer de Jeanne d’Arc, qui se fit enterrer dans la chapelle Saint-Laurent où une stèle perpétue sa mémoire. »

La Hire

Une maison-Dieu était au Moyen Age un hôpital-monastère destiné à accueillir les pauvres pèlerins puis les malades des environs. Les premières sont instaurées en Orient par Basile de Césaré. La maison-Dieu limitait ses activités au logement des pauvres, des passants, des voyageurs et des pèlerins. Elle prit l'appellation d’Hôtel-Dieu vers le XVIIème siècle. [Wikipedia]

La Maison-Dieu de Montmorillon : en 1080, un seigneur revenu des croisades relevait les ruines d'un premier hôpital. L'édifice fut fortifié pendant la Guerre de Cent Ans, pillé pendant les guerres de Religion et de nouveau ruiné. Il fut reconstruit dans sa forme actuelle à partir de 1615 par les Augustins réformés de Bourges. L’hôpital est laïcisé pendant la Révolution française. Il fut déménagé peu de temps après à son emplacement actuel. L'édifice fut alors inoccupé avant de devenir à partir de 1807 un séminaire. [Wikipedia]

 

III.             Charles DEMAILLASSON

 Tout généalogiste travaillant sur Montmorillon sait ce qu’il doit à Charles DEMAILLASSON, sieur de la Chèze, baptisé à Montmorillon le 9.212.1614. Avocat du Roi en la Sénéchaussée de Montmorillon, son Journal retrace la vie de cette commune de 1643 à 1694 et contient beaucoup de faits très détaillés à la fois sur son histoire au XVIIème siècle, sur les mœurs et habitudes de ce temps, mais aussi sur les naissances, mariages et décès, ce qui permet d’alimenter le généalogiste en « données brutes » (principalement sur les familles notables du pays) complémentaires des données BMS ou actes divers des registres paroissiaux et des archives notariales (accessibles aux archives départementales de la Vienne).

Citons V. BARDET, qui publie ce Journal :

« …L’auteur nous fait assister aux cérémonies du culte auxquelles il prend part avec d’autres officiers du siège, et aux solennités diverses qui ont eu lieu dans cette ville : passages de grands personnages, réjouissances pour les victoires remportées par les armées françaises. Il nous fait connaître les calamités qui ont affligé la ville, maladies ou inondations ; les événements tragiques ; le passage des troupes, dont les excès et les violences étaient souvent la cause de rixes sanglantes. Il rapporte, en les accompagnant de réflexions, mais sans jamais sortir de la réserve que lui imposait la bienséance, quantité de renseignements sur les mœurs et les habitudes de vie publique et privée. On y voit l’existence douce et paisible que menaient les habitants d’une petite ville de province, unis par la plus grande intimité et un respect réciproque, à une époque où les journaux et la politique n’avaient pas encore fait leur apparition à la campagne. »

On pourra trouver les tomes I et II de ce Journal sur Gallica :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209503j/f10.image

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k113876d.r=journal+demaillasson.langFR


IV.           Les ROBIN : une lignée de couteliers

 Comme nous l’avons vu plus haut, le père d’Adélaïde Marie : Vincent Louis Alphonse ROBIN (mon AGP, Sosa 14) est né à Montmorillon le 14.8.1843. Quand il se marie à 35 ans (19.9.1878) à Libourne avec Jeanne MONTAN (fille d’un tonnelier de Libourne et exerçant la profession de tailleuse), il est coutelier. Il s’établira à Montmorillon quelques années après, et c’est là qu’il mourra le 12.7.1900 à 56 ans, sa femme Jeanne prenant alors sa suite dans la coutellerie.

Cette profession de coutelier a été exercée par quatre générations dans la famille (de père en fils ou gendre). Le plus ancien a été Vincent ROBIN (né à Montmorillon le 5.9.1777), qui est dit coutelier dès son mariage à 20 ans le 23.8.1798 (à Montmorillon) avec Marie Marthe Félicité AUPRETRE LAGENEST (dont on reparlera dans le paragraphe suivant). Le père de Vincent : Jacques ROBIN est chaudronnier-poêlier.

« Avec l'apparition des métaux, naquit le chaudronnier. Dès la plus haute antiquité, le poêlier, descendant direct du dinandier et du chaudronnier sut travailler le cuivre. Premier des métaux à être travaillés, il resta longtemps la matière de prédilection du chaudronnier. Un des ouvrages les plus connus de cette industrie vieille de plus de 5000 ans est le chaudron.
Les « batteurs de cuivre » apparaissent vers le XVIe siècle principalement implantés à Dinant en Belgique qui à cette époque, fut un grand centre de travail du cuivre.
Le dinandier fit de ce matériau des ouvrages ornementaux et utilitaires aux formes les plus variées, offrant des qualités exceptionnelles par la beauté de leurs matières, par l'harmonie de leurs proportions et l'élégance de leurs formes. »

[Site de Guy-Watine, à l’adresse : http://www.guy-watine.com/index.html ]

 

Parmi les enfants de Vincent, deux de ses fils : Jacques et Joseph seront eux-mêmes couteliers comme leur père. Mais n’ayant pas eu d’enfant, c’est leur neveu Vincent, fils de leur frère Louis (Sosa 28, sellier et tapissier) qui prendra le relais pour cette profession. Vincent n’ayant eu lui-même que des filles, c’est son gendre Jean FAURE (Sosa 6) qui continuera le métier à Montmorillon puis à Bordeaux.

Les ancêtres des ROBIN couteliers sont tous nés à Poitiers.

 Parmi les branches collatérales de la lignée des ROBIN, citons celle constituée par la femme de Jacques ROBIN : Marguerite LACOUX (née à Montmorillon le 15.2.1745). Marguerite est la fille de Sylvain LACOUX (1700-1761), maître serrurier et de Marie Anne BOUCHER.

Sylvain est le fils de Mathurin LACOUX (Sosa 452), lui aussi maître serrurier, et de Jeanne MAGNAC.

Dans l’ouvrage de L. Liège, on trouve : « …Peu après 1200, la baronnie de Montmorillon entre dans la noble maison de MAGNAC, ayant pour chef d’armes Aymeric de MAGNAC ».

Marie Anne est la fille de Jean BOUCHER, maître armurier, et de Françoise GAULTIER

Ces derniers patronymes sont abondamment cités dans le Journal de DEMAILLASSON, et nous retrouverons en particulier des GAULTIER dans le paragraphe sur les LESCUYER

 

V.          Les AUPRETRE LAGENEST

La femme du coutelier Vincent ROBIN, mentionnée dans le paragraphe précédent, était Marie Marthe Félicité AUPRETRE LAGENEST (1776-1858). Ce patronyme AUPRETRE (qui sera écrit  AUPRESTRE au XVIIème siècle) est très présent à Montmorillon depuis le début du XVIIème siècle (et certainement plus tôt, mais nous manquons de sources d’archives). Nous avons pu retrouver les ancêtres de Marie Marthe depuis le début du XVIIème siècle, comme nous le verrons plus loin, mais aussi l’apparition du nom LAGENEST. Si l’association des noms AUPRETRE et LAGENEST n’est pas rare tout au long des XVIIIème et XIXème siècles, on le rencontre moins souvent au XXème, correspondant chaque fois à des descendants du couple « fondateur » AUPRETRE x BOBIN (comme on le verra plus bas). Le patronyme LAGENEST utilisé seul a aussi été porté aux XIXème et XXème, mais nous n’avons pas pu établir l’ascendance des personnes qui le portent.

Pour étudier mes ancêtres portant ce patronyme, nous commencerons par celui qui est le plus ancien. Etant né à la fin du XVIème siècle, nous n’avons pu trouver d’informations sur lui, et l’avons prénommé X.

Ses enfants (du moins ceux que nous avons pu trouver…) sont au nombre de trois, l’existence de cette fratrie étant consolidée par les liens de parrainage. Ils forment la « génération 1 » et leurs descendants correspondront aux générations suivantes :

Génération 1

       - Claude AUPRETRE, dit Brindamour ( !) est né vers 1618. Nous ne lui avons trouvé ni femme ni enfant. Menuisier à Montmorillon, il y mourra le 3 janvier 1678.

       - Jeanne AUPRETRE, qui se mariera avec Pierre CHAMPION, et aura de lui 3 enfants.

  - Notre ancêtre Paul AUPRETRE (Sosa 912), maître vitrier, qui épousera vers 1652 Louise BOBIN (née le 30.12.1632 à Montmorillon). Ils auront huit enfants, dont notre ancêtre Jehan (voir ci-dessous).

Louise est la fille de Jean BOBIN sieur de LAGENEST (Sosa 1826, né avant 1603, et décédé le 12.9.1683). Il était tailleur d’habits et Maître hospitalier de la Maison-Dieu de Montmorillon (voir ci-dessous). La mère de Louise était Marguerite TEXIER (Sosa 1827). C’est donc par Louise BOBIN que le patronyme AUPRETRE LAGENEST est apparu.

Le fils de Paul et Louise : Jehan AUPRETRE de LAGENEST (Sosa 456) sera dit sieur de LAGENEST, ses descendants étant nommés avec ou sans la mention « de LAGENEST ».

Mentionné dans le Journal de DEMAILLASSON (II, p.25) :

« Le dimanche 12 (septembre 1683), est décédé [Jean] BOBIN qui avait été longtemps à gouverner les pauvres dans l’hospital de la Maison-Dieu où il demeurait encore, sans pourtant se mesler de rien. Il estait aagé de plus de 80 ans ».

« Jean BOBIN dit LAGENEST, tailleur d’habits et maître hospitalier de la Maison-Dieu de 1645 à 1674. Le 2 juillet 1643, Jean BOBIN et Pierre CHAMPION, marchand à Montmorillon avaient affermé des Augustins de la Maison-Dieu les aumôneries du Puy, paroisse de Persac, et de Prun, paroisse d’Adriers, pour trois années, moyennant sept vingt dix livres payables chacun an au jour et fête de Toussaint. Cette ferme était renouvelée au même prix et pour trois années les 13 juillet 1646 et 14 juin 1649. Le 20 septembre 1669, Jean BOBIN était seul preneur pour cinq années moyennant sept vingt livres.

Jean BOBIN eut de Marguerite TEXIER, son épouse, Laurent, baptisé à Saint-Martial de Montmorillon le 3 février 1636 ».

Il est à noter la présence d’un Nicolas BOBIN, décédé en 1599 à Montmorillon, qui est dit sorcier ! Cette anecdote nous a été communiquée par Gloria GODARD (insolitecrimes sur Geneanet). Nous n’avons pas pu trouver de lien entre ce Nicolas et notre ancêtre Jean. Nous en trouvons la référence dans le « Dictionnaire Infernal » par COLLIN de PLANCY (1883), p. 101 :

BOBIN (Nicolas), sorcier jugé à Montmorillon, en Poitou, dans l’année 1599. Il fit à peu près la même confession que Berthomé du Lignon. Il était allé comme lui au sabbat, et s’était donné au diable, qui lui avait fait renier Dieu, le baptême et ses parents. Il conte qu’après l’offrande  le diable se montrait quelquefois en forme d’homme noir ayant la voix cassée d’un vieillard ; que, quand il appelait le diable, il venait à lui en homme ou en bouc ; que, lorsqu’il allait au sabbat, il y était porté par un vent ; qu’il y rendait compte de l’usage de ses poudres, qu’ilo avait toujours fidèlement employées à mal faire ; qu’il portait la marque du diable sur l’épaule ; que, quand il donnait des maladies, il les donnait au nom du diable et les guérissait au même nom ; qu’il en avait fait mourir ainsi, et guéri plusieurs… [Discours sommaire des sortilèges et vénéfices, tirés des procès criminels jugés au siège royal de Montmorillon, en Poitou, en l’année 1599, p.30]

On pourra trouver ce texte, ainsi que d’autres sur les sorciers , à cette adresse .
 

Génération 2

Jehan AUPRETRE, sieur de Lagenest (Sosa 456) est régent. Il se marie à 26 ans (le 28.11.1697 à Montmorillon) avec Jeanne CHOTARD (Sosa 457), dont il aura huit enfants. Hormis notre ancêtre Pierre, qui suit, notons Catherine (née le 5 juillet 1699, qui épousera René BRUNET), Françoise (née le 3 novembre 1710, qui épousera Jacques PASQUET), Jean (né le 27 mai 1718, qui se mariera avec Marie Françoise CHASTAGNAT), et enfin Françoise Elisabeth, qui épousera Antoine THOMAS.

Régent ou recteur d’école : enseignant ayant passé un contrat avec les habitants d’un village. C’est l’ancêtre de nos instituteurs.

Mentionné dans l’ouvrage de L. LIEGE : « Les maîtres d’école étaient nombreux ; tous enseignaient un mode d’écriture admirable, une belle écriture grasse, nette, déliée, telle que nos anciens registres nous en ont conservé des spécimens superbes avec paraphes ingénieux et compliqués [….] Puis les SAVIN, les AUPRETRE LAGENEST et les DUPONT exercent le même emploi pendant toute la durée du XVIIIème siècle ».

Le régent

Jeanne est la fille de Claude CHOTARD, dit Candalle (Sosa 914, né en 1639), maître tailleur, et de Marie LAUVERGNIER (née vers 1650). Les grands-parents paternels de Jeanne sont Louis CHOTARD et Françoise de LA VERGNE (ils se sont épousés vers 1628, certainement à Montmorillon où le patronyme de LA VERGNE est très présent, comme on le verra plus loin).

Mentionné dans le Journal de DEMAILLASSON (II, p.165) : « Joseph JACQUOT [prieur de la Maison-Dieu de Montmorillon] donne à ferme le 21 avril 1724, pour neuf années, à Jean AUPRETRE, Sr de LAGENEST, maître d’école à Montmorillon, et à Pierre DUFOUR, Sr des Rivières, marchand boucher au même lieu, tous les droits de dîme de vin dans les vignes situées aux faubourgs des Bancs et de la Maison-Dieu, moyennant 54 livres par an. En cas de gelée ou de grêle, il sera diminué la moitié du prix de la ferme ».

Génération 3

Pierre AUPRETRE de LAGENEST (Sosa 228), né le 4.11.1700 à Montmorillon, est d’abord marchand, puis il deviendra régent. Il se marie une première fois à 32 ans le 27.1.1733 avec Marie CHERBONNIER, qui décèdera le 22 avril 1742, quatre jours après la naissance de son troisième enfant. De son second mariage à 42 ans avec Marguerite Antoinette PIPARD (le 6.11.1742 à Poitiers), Pierre aura cinq enfants, dont Charles (Sosa 114) qui suit, et Marie Marthe qui épousera le cordonnier Pierre COUINAUD.

Génération 4

Charles AUPRETRE de LAGENEST (Sosa 114), né vers 1745, fut « instituteur national » (intitulé que l’on trouve dans les actes). Il se marie le 25.9.1770 à Montmorillon avec Marie FONTAINE MARIE (nous reparlerons ci-dessous de la branche des FONTAINE MARIE, dans un paragraphe qui lui est consacré. De cette union naîtront quatre enfants, dont Marie Marthe Félicité qui suit, et Fleurant (né le 23 février 1780, qui sera instituteur lui aussi (comme son arrière-grand-père Jehan et son père Charles), épousera Elisabeth Anne DUFOUR, et dont les descendants porteront le patronyme jusqu’au XXème siècle.

Génération 5

Marie Marthe Félicité AUPRETRE LAGENEST (Sosa 57) est née le 29.3.1776 à Montmorillon. Elle mourra à 81 ans, en 1858). Couturière, elle s’est mariée avec le coutelier Vincent ROBIN que l’on a mentionné plus haut.

Belle suite d’instituteurs !

Il faut souligner qu’à Montmorillon, on peut trouver d’autres personnes ayant porté le patronyme AUPRETRE à partir du XVIIème siècle. Pour certaines, nous n’avons que de trop faibles hypothèses sur les liens avec nos ancêtres mentionnés plus haut, et pour d’autres, il semble n’y avoir aucun lien. On peut aussi retrouver ce patronyme à Poitiers, et certainement ailleurs dans la région.

 

VI.           Les FONTAINE MARIE, une lignée de Maîtres chirurgiens

Comme on l’a vu plus haut, la mère de Marie Marthe Félicité AUPRESTRE LAGENEST (Sosa 57) est Marie FONTAINE MARIE (Sosa 115). Ce patronyme se rencontre à Montmorillon depuis le début du XVIIème siècle. Nous listons ci-dessous la succession de nos ancêtres, en partant du plus ancien présent dans notre arbre, qui constituera la :

Génération 1

Claude FONTAINE MARIE (Sosa 920), naît vers 1628 et décèdera à 74 ans en 1702. Maître chirurgien à Montmorillon, il épouse avant 1657 Catherine DU PINIER, qui lui donnera cinq enfants, dont notre ancêtre Louis, qui suit, et François (né le 9 février 1660 à Montmorillon) qui se mariera avec Silvine ARGENTON.

Notons que Janine BLOT, généalogiste présente sur Geneanet, signale que l’on trouve la naissance le 14.2.1631 à Chateaudun (Saint Valerien) d’un Claude FONTAINE MARIE, qui pourrait être celui mentionné ci-dessus, d’autant plus qu’il est issu d’une famille de chirurgiens. Mais les preuves manquent pour « officialiser » cette piste.

Dernières nouvelles : après étude de la question, devant les indices forts favorables à cette piste, nous avons décidé de l'officialiser. On trouvera sur Geneanet l'ascendance de Claude.
Le barbier-chirurgien

Du Moyen Age à la fin du XVII° siècle le chirurgien intervient sur toutes les plaies extérieures du corps (ulcères, vésicatoires, ventouses, sangsues, remise des membres) et peut assister les femmes lors des accouchements difficiles. Il est parfois appelé barbier car il pratique, sur ordre du médecin, les saignées, mais se distingue du barbier barbant qui saigne aussi. Il possède tous les outils tranchants requis pour cet exercice et les autres pratiques chirurgicales de l’époque. [Geneanet, site de M. BONAVIA]

On pourra trouver un texte intéressant sur la communauté des maître-chirurgiens de Poitiers (1410-1792) à cette adresse.

On peut lire dans le Journal de DEMAILLASSON, à propos du mariage du fils Louis FONTAINE MARIE : « En 1668, Claude FONTAINE MARIE arrentait de Gilbert BABERT, notaire royal, une maison sise à Montmorillon, dans la rue allant du carrefour de la Pierre au parquet royal ».

Génération 2

Louis FONTAINE MARIE (Sosa 460), sieur des Costes, Maître chirurgien comme son père, est né à Montmorillon le 10.6.1663, et y décèdera à 69 ans le 11.11.1732. A l’âge de 28 ans, il se marie avec Marie CHOTARD (Sosa 461) qui lui donnera dix enfants, dont mon ancêtre Annet Alexis, qui suit

Marie CHOTARD est la fille de Claude CHOTARD, dit Candalle, et de Marie LAUVERGNIER, couple d’ancêtres que l’on a déjà mentionnés  plus haut. C’est la sœur de Jeanne (Sosa 457) qui a épousé Jehan AUPRETRE de LAGENEST. Deux sœurs parmi nos ancêtres : bel exemple d’implexe !

Génération 3

Annet Alexis FONTAINE MARIE (Sosa 230) est né à Montmorillon le 28.1.1709. Il sera lui aussi Maître chirurgien. Il se marie à 27 ans (le 31.1.1736 à Montmorillon) avec Marie Marguerite LESCUYER.

Marie Marguerite LESCUYER (Sosa 231) est née à Montmorillon le 6 août 1715. Elle est la fille de Jacques LESCUYER, maître tailleur d’habits, et de Jeanne VACHER.

On a pu remonter la branche LESCUYER jusqu’à Jean LESCUYER, sieur du Prat (Sosa 1848), né au tout début du XVIIème siècle, qui était archer en la maréchaussée de Montmorillon.

Toujours dans l’ouvrage de L. LIEGE : « A l’instar des pompiers de nos jours, les archers d’autrefois revêtaient leur uniforme et prenaient les armes seulement quand le Sénéchal avait besoin de leurs secours pour rétablir ou assurer parfois la tranquillité de la ville ».

Jean eut deux enfants de sa femme Catherine LEOBET :

·         Louis, qui sera Maître pintier

Le pintier n’était autre qu’un fabricant de pintes, probablement en étain. La pinte est l’ancienne mesure de capacité correspondant au demi-litre. Le potier d’étain (souvent le même) devait produire d’une façon plus générale la poterie et la vaisselle plate d’étain.

·         François (Sosa 924), sieur de la Braguetrie, qui sera lui aussi Maître pintier et se mariera avec Jeanne GAULTIER (fille de Louis GAULTIER, sieur de l’Islette, et lui aussi archer). Ils auront Jacques LESCUYER (Sosa 462), Maître tailleur d’habits à Montmorillon, dont la fille Marie Marguerite LESCUYER (Sosa 231) se mariera avec Annet Alexis FONTAINE MARIE, mentionné plus haut.

Concernant Jeanne VACHER (Sosa 463), mère de Marie Marguerite LESCUYER, son grand-père paternel était Antoine VACHER, sieur de Cremiers (marié à Diane MARTINET) ; son grand-père maternel était Louis de LA VERGNE, né vers 1621, sieur de Puy Cornet, concierge des prisons à Montmorillon.

Lu sur le site (Geneanet) de Guillaume de Tournemire : Histoire de la famille Augier de Cremiers et Augier de Moussac : « Famille française. On décèle des Augier à Montmorillon-sur-Gartempe dès le XIIe siècle ; ce n'est toutefois qu'à partir du XVe siècle que la filiation peut être suivie avec précision. Les Augier ont toujours occupé en Poitou et particulièrement à Montmorillon (Vienne) une place importante. La magistrature, le sacerdoce, l'armée se partageaient à chaque génération les membres de cette famille. L'office de lieutenant-général civil de la sénéchaussée de Montmorillon (l'une des plus étendues de France) est resté au cours du XVIIIe siècle pendant 3 générations aux mains des Augier de Moussac. Félix Augier ajouta à son nom patronymique celui de Moussac, nom d'une terre située à 3 km de Montmorillon où les Augier possédaient des biens aux XVIe siècle. Il y avait acheté en 1692 une assez importante maison. Son petit-fils, Laurent Augier de Moussac, avocat, (1705-1780), lieutenant-général civil de la sénéchaussée de Montmorillon exerça de 1747 à 1767 la charge anoblissante de conseiller-secrétaire du roi près de la chancellerie près du parlement de Besançon. C'est lui qui fit construire en 1755 à Montmorillon le très joli hôtel Moussac, toujours debout aujourd'hui. ... Laurent Augier de Moussac eut entre autres enfants deux fils, Jean-François (1732 - 1815) qui continua la descendance Augier de Moussac et charles Antoine, auteur de la branche des Augier de Cremiers qui prirent le nom d'un fief situé près de Montmorillon et entré dans le patrimoine familial en 1712. »

Annet Alexis et Marie Marguerite auront deux enfants :

       - Pierre FONTAINE, qui sera marié à Florence REVERARD.

       - Marie Marthe Félicité (Sosa 57), dont on a parlé plus haut, qui épousera le coutelier Vincent ROBIN.

 

VII.          En guise de conclusion
 

Nous avons donc pu rencontrer, tout au long de cette exploration de nos ancêtres de Montmorillon, un nombre non négligeable de Montmorillonnais(es) qui ont vécu dans cette commune depuis le début du VIIème siècle. Citons-les (dans le désordre…) :

ROBIN, FAURE, MONTAN, AUPRETRE LAGENEST, FONTAINE MARIE, LESCUYER, LACOUX, CHOTARD, VACHER, GAULTIER, LAUVERGNIER, BOUCHER, MAGNAC, BOBIN, TEXIER, CHAMPION, PASQUET, CHASTAGNAT, de LA VERGNE, CHERBONNIER, PIPARD, COUINAUD, DUFOUR, ARGENTON, MARTINET, REVERARD. Par contre, nous n’avons pas mentionné dans ce document les parrains et marraines choisis lors des baptêmes, qui sont assez fréquemment choisis parmi les habitants occupant des positions sociales particulières. Citons par exemple les LADMIRAULT (François et son fils Louis, sieurs de Vautibault), AUGIER, GOUDON, LE BEAU, VEZIEN…. Pour finir, n’oublions pas que ce document reste ‘’daté’’ : la construction d’un arbre généalogique est en constante évolution (c’est en partie ce qui fait son charme…), et il est difficile de savoir ce que l’avenir de nos recherches nous réserve…

 









Auteur : Michel Meste.      Pages réalisées avec Kompozer.