Le site de généalogie de Catherine et Michel Meste



Les Lassalle, une lignée de chirurgiens à Lescar au XVIIème siècle

Michel Meste (Sosa 1)





Nous nous proposons ici de donner des éléments généalogiques concernant trois chirurgiens qui ont exercé à Lescar au XVIIème siècle, et qui se trouvent être mes ancêtres : Dominique LASSALLE (Sosa n° 678), et ses père et grand-père Jean BEGUE dit LASSALLE (Sosa n° 1356) et autre Jean BEGUE (Sosa n° 2712). On pourra retrouver ces données généalogiques sur Geneanet (après inscription gratuite, identifiant : mestenerzic). Avant de donner le résultat de nos (récentes)  investigations, nous commençons par un article paru en novembre 1933 dans l’« Echo de Lescar », qui retrace la présence dans cette commune des professions médicales du XVème au XVIIème siècle, et qui mentionne dans le paragraphe XVIIème siècle les trois chirurgiens ci-dessus.

I – La médecine à Lescar [L’Echo de Lescar, novembre 1933]

(Merci à Jo Lafourcade, descendant des Claverotte, de nous avoir communiqué quelques numéros de l’Echo de Lescar)

La médecine à Lescar

De F. M.

[….]

Avant le XVème siècle

Au Moyen-Age, la médecine est libre ; Elle n’est pas réglementée. Elle est exercée surtout par des rebouteux, appelés tantôt metges, tantôt barbers, dont les pratiques ne sont guère connues.

Chose curieuse, la médecine était abandonnée à peu près universellement aux cagots, aux parias de cette époque, ce qui prouve qu’elle n’était pas en grande estime.

Et pourtant, il semble qu’il dût y avoir à Lescar des hommes connaissant suffisamment leur métier. Car Gaston le Croisé y avait fondé un hôpital au 12è siècle et le recensement de Gaston Phébus, en 1385, mentionne l’hôpital des malades de Saint-Lazare. Mais un seul nom est parvenu jusqu’à nous, GASSIOT de Samataa, barber, qui vivait au milieu du 14ème siècle.

Au XVIème siècle

Peu à peu, on voit apparaître des praticiens qui ont pris leurs grades et des règlements vont leur être donnés.

C’est un évêque de Lescar, Jacques de Foix, qui préside la commission établie par Henri II pour mettre un peu d’ordre dans les vieux Fors du Béarn. Chemin faisant cette commission réglemente la profession des médecins, des chirurgiens et des apothicaires, précisant leurs attributions et leurs obligations respectives.

Le nouveau For fut promulgué en 1551. Nous ne connaissons que des médecins ayant exercé à Lescar après cette promulgation et avant le XVIIème siècle, Bertrand de LABARRIERE et DUFRESNE.

Le collège établi à Lescar vers le milieu du siècle par Marguerite de Navarre ne semble pas avoir contribué beaucoup à la formation des jeunes médecins. On n’y donna jamais que quelques notions générales sur la médecine.

Au XVIIème siècle

Le règlement des Fors n’avait pas empêché l’exercice illégal de la médecine. Aussi les Etats décidèrent le 29 avril1629 qu’aucun médecin, chirurgien et apothicaire ne pourrait venir exercer dans le Béarn qu’après avoir passé un examen à Pau, devant un médecin du Pays (inspecteur)assisté de quelques autres médecins, chirurgiens ou apothicaires et en présence des jurats.

Le censier de 1643 nous fait connaître la situation médicale de Lescar.

Il y avait à la cité un médecin, NOGUES, et deux apothicaires, Arnaud de GAAS et Jean de LESPETZ marié à  Catherine d’ASTIS.

A la côte du Parvis, deux apothicaires Raymond GAUZER et Bernard du FRANER et un chirurgien Samuel de MASSEMPOEY.

A Maubec, un médecin Arnaud de SAM et un chirurgien Jean BEGUE marié à Catherine de MOSSENJUAN.

A la porte de Morlaàs, un apothicaire, Bernard de GAAZ.

Si les lescariens se portaient mal ce n’était pas faute d’hommes de l’art ! Ce qui laisse rêveur, c’est le nombre d’apothicaires : 5 contre deux médecins et 2 chirurgiens. Le métier avait du bon. Nous voyons en particulier que Jean de LESPETZ était fort riche. Il avait de nombreux biens dans la cité, à Sainte-Confesse, à Eslayou et ailleurs. Il était d’ailleurs facile de remplir les fonctions d’apothicaire et de donner en secret quelques consultations. Tentation trop profitable pour n’y pas succomber quelquefois, bien qu’on s’exposât à 500 livres d’amende et à des peines plus graves encore.

A Lescar comme dans les autres villes du Béarn, les pauvres étaient soignés gratuitement à l’hôpital par un médecin et un chirurgien et un apothicaire. Mais ils recevaient chacun environ 100 livres à la Commission de l’hôpital. Nous le savons par une réclamation faite en 1640 au Parlement de Dominique LARAN, curé de St Julien, qui demandait une rétribution pour le service qu’il faisait à la chapelle de l’hôpital. Il fut débouté. Mais l’arrêt ne paraît pas frappé au coin de la stricte justice. On lui répliqua qu’il avait les revenus de la cure de St Julien ; comme si un supplément de travail ne mérite pas un supplément de salaire.

A la fin du XVIIème siècle, nous trouvons encore les médecins J.-B. de FAURE, Jacques de la PORTE, Pierre de la SALLE et le chirurgien Dominique de la SALLE. La médecine n’est plus méprisée. La noblesse va à elle.

Nous ne voulons pas terminer cet aperçu sur le XVIIème siècle sans rappeler le nom de Jean PREVOST. Ce célèbre botaniste exerça la médecine à Navarrenx et à Pau. Mais il était né à Lescar comme nous l’avons déjà dit dans la notice que nous lui avons consacrée.


II – La famille LASSALLE

Dans ce qui suit, nous avons mis en gras les numéros Sosa qui correspondent à nos ancêtres.

La première génération

Le premier chirurgien dont nous ayons trouvé la présence à Lescar dans les archives est Jean BEGUE (Sosa 2712). D’après le censier de Lescar de 1643, il habite rue Maubec avec sa femme Catherine MOSSENJOAN (Sosa 2713) ; ils sont mentionnés dans l’article de l’Echo de Lescar cité plus haut. Ce couple aura 3 enfants : Samuel BEGUE (né le 25.2.1633, paroisse Notre Dame), dont nous n’avons pas de traces ultérieures ; Jean BEGUE dit LASSALLE (voir ci-dessous) et Ramond BEGUE dit LASSALLE (voir plus bas).

La deuxième génération

   a)    Jean BEGUE dit LASSALLE (Sosa 1356), chirurgien, se marie avant 1664 avec Marguerite de FOIX (Sosa 1357). Ils auront quatre enfants : Suzanne BEGUE dite LASSALLE, née le 3.6.1664 à St Julien (nous n’avons pas de certitude quant à un mariage de Suzanne) ; Dominique LASSALLE (Sosa 678), que l’on retrouvera ci-dessous ; André LASSALLE, né le 11.11.1668 (SJ), qui sera lui aussi maître chirurgien, et que nous étudierons aussi plus bas ; Guillaume BEGUE dite LASSALLE, né le 20.4.1670 ; enfin, Catherine BEGUE dite LASSALLE, dont nous n’avons pu retrouver la naissance (voir plus bas).

Nous n’avons pas pu trouver les origines de Marguerite de FOIX ni de sa sœur Isabeau de FOIX. Cette dernière se mariera avant 1687 avec le peintre Guillaume de LAVIE.

Dans l’article de l’Echo de Lescar, Jean n’est pas mentionné. A-t-il exercé ailleurs qu’à Lescar ?

   b)    Ramond BEGUE dit LASSALLE, qui sera maître chirurgien et qui épousera Catherine SOUGE dont il aura une fille le 15.5.1662 (St Julien) : Jeanne BEGUE dite LASSALLE. Cette dernière se mariera avec Jacques GUILLARE, maître cordonnier. Ramond mourra le 2.10.1709 (Lescar ND).

 

La troisième génération

   a)    Dominique LASSALLE (Sosa 678), maître chirurgien (il sera aussi jurat de Lescar), naît vers 1666. Il épouse le 26.1.1693 (St Julien) Isabeau d’AUTHAA (1669-1703), Sosa 679 (issue d’une vieille famille lescarienne).

Le contrat de mariage (le 8 juillet 1692, chez Me Guillarré, de Lescar) entre Dominique et Isabeau précise la mère de Dominique, son oncle Guillaume de Lavie, peintre, son beau-frère le sculpteur Antoine Giraudy, Ramond de Baguier son oncle, André Lassalle son frère, ainsi que Jacques de Laporte, docteur en médecine, son ami.
 

Naîtront de ce couple : Jean Gaston (o 1694), Marguerite (o 1696), Jean (o 1697), Catherine (o 1699), Jeanne (o 1702, Sosa 339) qui se mariera avec Pierre JOUANDOS (Sosa 339), et enfin Marguerite (o 1703) qui se mariera avec Jean PLEY. Dominique décèdera le 1.9.1733 (Lescar St Julien).

Dominique est mentionné dans l’Echo de Lescar.

   b)    André LASSALLE, né le 11.11.1668 (St Julien), maître chirurgien comme son frère. Il se mariera avec Anne FARGOUETTE dite MAILHOS, qui lui donnera deux enfants. Nous ignorons où il a pu exercer.

   c)    Catherine BEGUE dite LASSALLE, naît vers 1670 à Lescar. Elle se marie vers 1685 avec le sculpteur Antoine GIRAUDY. Leur union, qui durera près de 50 ans, verra naître 7 enfants, dont Jean qui sera sculpteur comme son père.

Antoine GIRAUDY, dit aussi GIRO, venait de Provence. Citons un de ses descendants, André GIRODIE au début du XXème siècle : « … Ainsi, le sculpteur Antoine GIRAUDY, dit Giro, mon ancêtre, vint de Provence en Béarn, vers la fin du XVIIème siècle, attiré à Lescar par l’atelier de sculpture et de dorure qu’y avaient fondé les Caron, originaires d’Abbeville. »  On peut retrouver les œuvres d’Antoine et de son fils Jean dans pas mal de villages du Béarn, et elles sont présentes sur internet. En particulier, le maître-autel de l’Eglise St Martin à Poey d’Oloron, classé aux Monuments Historiques :

Une création de Antoine Giraudy à Poey d'Oloron

Contrairement à ce qui est suggéré dans l’Echo de Lescar, nous n’avons trouvé aucun élément permettant de mettre en avant une quelconque appartenance à la noblesse des LASSALE mentionnés ci-dessus, ni de référence à une graphie de type « de la Salle » pour le nom de Dominique.

 

Il n’en est pas de même pour Pierre de la Salle, médecin à Lescar, mentionné dans la revue ci-dessus :

On peut trouver sur internet dans l’Armorial de Béarn, 1696-1701 (Gallica), p. 140, à l’adresse : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5774144c/f156.image :

 « Pierre de La SALLE, alias Lassalle, dénommé encore du Domenger, domenger de Poey, près Lescar, docteur en médecine de la faculté de Bordeaux, était le fils de noble Antoine de la SALLE, aussi domenger de Poey. Le Dénombrement général des maisons de la vicomté de Béarn, dressé en 1385 par ordre de Gaston Phœbus, mentionne l’hostau (maison) de Menauto de La SALE, domenger à Poey, près de la ville de Lescar ».

On mentionne dans ce même document la présence d’un autre Dominique LASSALLE, né en 1643, oncle de Pierre, qui fut curé de Siros.

 

On a pu donc voir que sur trois générations, les LASSALLE ont donné à Lescar pas moins de cinq chirurgiens. Soulignons tout de même que tout travail généalogique est susceptible d’être modifié, enrichi, … Encore un peu de travail en perspective !


Auteur : Michel Meste.      Pages réalisées avec Kompozer.